La Bataille de Le Hamel : L'utilisation de moyens modernes
Les tanks
La préparation d'artillerie
Le rôle des avions


1. Les tanks
Le commandant du Tank Corps (le corps blindé britannique), le général de brigade Hugh Hells, venait de recevoir les tous nouveaux chars Mark V. Il voulait les tester au combat au plus vite, avant que les Allemands ne produisent leurs propres chars en grand nombre. Le Tank Corps voulait aussi regagner la confiance des Australiens. Celle-ci avait été perdue à Bullecourt lors d'une opération conjointe le 11 avril 1917. Dans la confusion, les chars avaient fini par tirer sur les fantassins australiens qui les accompagnaient. Les généraux Australiens Monash et Blamey furent donc invités à venir voir les Mark V en démonstration. Ce nouveau modèle de char d'assaut lourd avait bénéficié de plusieurs améliorations. Par exemple, il ne fallait qu'un seul homme pour le conduire et son moteur avait été spécialement conçu. Le chef de char disposait d'une meilleure visibilité. Quant aux armes, les fusils-mitrailleurs Lewis qui équipaient les tanks Mark IV étaient remplacés par des mitrailleuses Hotchkiss montées avec un meilleur angle de tir.

Péronne, 27 Mars 1919. Un tank Mark V (type mâle), relique du champ de bataille. AWM E04445©
En observant les nouveaux tanks, Monash et son supérieur Rawlinson furent convaincus que cette arme permettrait de réduire les pertes et augmenterait les chances de succès d'une attaque sur Hamel. Il demanda donc la participation des tanks. Il en obtint soixante répartis en cinq compagnies placées sous le commandement du général A. Courage de la 5e brigade du Tank Corps. Selon lui, les tanks devaient précéder l'infanterie et remplacer ou compléter le barrage d'artillerie. Ce n'était pas l'avis des commandants d'infanterie qui estimaient que les troupes pouvaient avancer sous un barrage d'artillerie mais sans doute pas les tanks. Monash insista donc pour que les blindés suivent la première vague derrière le barrage et obéissent aux ordres des officiers d'infanterie sur le terrain.

Villers-Bretonneux. Août 1918. Tank de ravitaillement en route vers les lignes. Remarquez les rouleaux de barbelé au premier plan à droite. AWM C04889©
Aux chars de combat, s'ajoutaient quatre tanks de transport pour ravitailler les troupes en progression. Chacun de ces tanks pouvait transporter 134 rouleaux de barbelé, 450 piquets, 45 tôles, 50 bidons d'eau, 150 obus de mortiers, 10 000 cartouches et 20 caisses de grenades. Au total, ces quatre engins feraient le travail d'environ 1 200 hommes en beaucoup moins de temps.
Pour restaurer la confiance perdue, on présenta les tanks aux Australiens de tous grades le 29 juin. Chaque bataillon envoya à peu près un dixième de ses hommes se familiariser avec les chars et leurs équipages. Les fantassins s'entraînèrent en toute hâte avec les tanks au nord-ouest d'Amiens, à Vaux-en-Amiénois. Enfin, les compagnies reçurent chacune un tank. Les soldats y apposèrent leurs couleurs et lui donnèrent un nom.

2. La préparation d'artillerie

Monash avait été officier dans l'artillerie avant la guerre et connaissait l'importance de la puissance de feu. Le commandant de l'artillerie australienne et le responsable du bombardement était le général W.A. Coxen. L'artillerie lourde du Corps Australien et l'artillerie de campagne des quatre divisions furent mobilisées. Des pièces lourdes françaises et britanniques furent aussi mise à disposition. Au total, 600 canons allaient être utilisés. Environ 200 bombardèrent l'artillerie allemande pour diminuer le risque d'un contre-barrage. Les 400 autres servirent au barrage roulant, rideau de feu derrière lequel les assaillants progressèrent. Des avions furent chargés d'attaquer les canons ennemis hors de portée.
Le barrage d'artillerie et sa progression (lignes) AWME3843©
La préparation d'artillerie recelait aussi une part de tromperie pour l'ennemi. En effet, le bombardement de l'artillerie ennemie était noyé dans un pilonnage à plus grande échelle. De même, les positions ennemies étaient bombardées depuis huit jours aux mêmes endroits et aux mêmes heures. Les Allemands s'étaient habitués à être bombardé sans qu'une attaque suive. Le 4 juillet au matin, l'attaque fut couverte par un barrage d'obus explosifs et à shrapnels mais aussi d'obus fumigènes surtout sur les bois de Vaire et Hamel.

Le barrage rampant avançait par étapes, selon un minutage précis. Le rideau de feu progressait vers l'est toutes les deux minutes en suivant une vingtaine de jalons linéaires. Les assaillants progressaient en se tenant à environ 70 mètres derrière le barrage. A une ou deux reprises, l'artillerie tira trop court. Ainsi, deux sections du 43e bataillon (une australienne et une américaine) furent touchées alors qu'elles attendaient dans les blés. Leurs hommes furent presque tous tués ou blessés.



3. Le rôle des avions

Un appareil britannique abattu après avoir largué des munitions aux troupes avancées, l'un des parachutes est visible, pris dans les arbres à l'arrière-plan. AWM E03844©
Les avions ne firent pas que bombarder des objectifs hors de portée de l'artillerie. Ils servirent aussi de support aérien pendant toutes les phases de la bataille. Les escadrilles engagées appartenaient à l'Australian Flying Corps ou à des renforts britanniques. 18 avions anciens et bruyants couvrirent du bruit de leur moteur l'approche des tanks en volant à basse altitude. Les semaines précédentes, les avions de reconnaissance avaient réalisé un important travail de repérage et les photographies aériennes qui furent alors prises se révélèrent bien utiles. Au cours de la bataille, ces mêmes avions furent un formidable outil de communication avec les troupes sur le terrain. Soldats et pilotes communiquaient à l'aide de coups de klaxons, de fusées ou d'autres signaux. Ce qui permettait de suivre la progression et d'en rendre compte au plus vite aux états-majors.

Des brancardiers de la 11e brigade AIF passant près d'un des avions abattus (R.E.8 Serial B5073).  AWM E04888©
La bataille de Le Hamel fut aussi l'occasion d'une innovation sans précédents. Pour la première fois dans l'histoire de la guerre et de l'aviation, des munitions furent parachutées aux fantassins. Une idée du capitaine L.J. Wackett du 3e escadron de l'AFC. Les caisses de munitions contenaient 1 200 cartouches et étaient lâchées à environ 300 m d'altitude (1 000 pieds).

Un avion britannique sur le point de s'écraser. AWME03912©
Les avions ravitailleurs firent chacun quatre voyages et un peu plus de 90 caisses furent larguées. Au même titre que l'emploi de tanks de ravitaillement, cette innovation permis d'épargner aux hommes des tâches pénibles et dangereuses. Deux avions s'écrasèrent au cours de la bataille. Au cours de l'un de ces crashs, deux aviateurs trouvèrent la mort. Une toile de parachute s'était prise dans les ailes de leur appareil.

Vers la bataille L'attaque, le 4 juillet à l'aube Seulement si le menu de gauche est indisponible !