La Bataille de Le Hamel : L'Attaque du 4 juillet 1918
L'assaut
Fantassins et Blindés
Carte


1. Le déroulement de l'assaut

Des hommes du 15e bataillon, le jour de l'attaque, épuisés et endormis sous le camouflage qui recouvrait un mortier allemand de la Pear Trench.  AWME02664©
L'attaque fut lancée à 3h10 du matin aux premières lueurs du jour. Chaque fantassin partait avec 220 cartouches, 2 grenades Mills, une gourde supplémentaire et un chargeur pour fusil-mitrailleur Lewis. Ces fusils-mitrailleurs s'ajoutaient aux 46 mitrailleuses lourdes et leurs servants qui prirent part à l'attaque. Le Lewis-gun était plus léger et plus maniable. Il ne nécessitait aussi que deux servants. En certains endroits, la première vague suivie des tanks avança cachées par des nuages de fumées. Certains défenseurs ne furent conscients du danger que lorsque les assaillants arrivèrent tout près. Au bois de Vaire, les Allemands surpris portaient encore leurs masques à gaz. Les bois de Vaire et Hamel tombèrent vite aux mains de la 4e brigade.

Des Australiens recherchant des blessés au milieu des ruines, le jour suivant la capture du village. Les hommes gardent leurs revolvers prêts au cas où un Allemand non découvert par les équipes de nettoyage s'en prenne à eux. AWME02666©
Quant au village, la 11e brigade était chargée de sa capture. Le 43e bataillon devait prendre le village et y éliminer toute résistance. Le 44e, divisé en deux moitiés, devait dépasser le village de chaque côté (voir aussi l'ordre de bataille). Chacun des deux bataillons devait être accompagné de 6 tanks. La résistance allemande se fit sentir à l'ouest du village en flammes. Les assaillants étaient stoppés et s'affrontèrent à l'ennemi au cours d'un échange de tirs et de grenades. Finalement, les Allemands furent pris de flanc par une section américaine aux ordres d'un lieutenant australien. Juste au nord du village, se trouvait un petit espace boisé, le "Nolamel wood", qui était solidement tenu par l'ennemi. Les Australiens s'y perdirent dans la fumée mais leur capitaine réussit à les guider grâce aux éclairs des obus frappant la cime des arbres. Là-bas, les Allemands se rendirent compte qu'ils étaient tournés au moment où ils commencèrent à tirer. Les mêmes diggers furent ensuite arrêtés par une mitrailleuse au coin du village. Elle ne s'arrêta que quand un tank lui passa dessus.

Le drapeau tricolore français, installé par le Capitaine J. Moran du 43e bataillon en haut d'une des maisons en ruine le matin de la capture du village. AWME02667©
Après que le barrage se soit éloigné, les compagnies du 43e bataillon purent pénétrer dans le village par le nord et par le sud ainsi que par l'ouest. Les Allemands étaient retranchés dans des abris ou des caves. Le Hamel fut totalement nettoyé vers 7h00 et un drapeau français fut accroché au sommet de la maison la plus à l'est du village. 300 Allemands furent fait prisonniers dont un commandant de bataillon et son état-major. Pendant ce temps, le 44e bataillon et le 15e au sud progressèrent jusqu'aux positions ennemies, un nœud de vieilles tranchées au sommet de la colline.
 
Les objectifs furent atteints en 93 mn au lieu des 90 mn prévues. Cette attaque réussie démontrait l'efficacité des tactiques employées et donc la justesse des conceptions de John Monash. Selon lui, les fantassins ne devait pas se risquer à un assaut héroïque et épuisant mais avancer prudemment protégés par toute la panoplie des moyens modernes disponibles : artillerie, mitrailleuses, avions et blindés.


2. Fantassins et blindés en action
Dans la nuit du 2 au 3 juillet, les tanks furent parqués aux environs de Hamelet. Ils gagnèrent leurs positions de départ vers 22h30, leurs moteurs tournants au ralenti. Ils s'élancèrent ensuite à l'assaut avec la première vague puis la dépassèrent. En plusieurs points, les tanks furent en retard et les fantassins partirent sans eux. Ce fut le cas des trois tanks alloués au 15e bataillon qui dut attaquer et prendre seul des défenses allemands dont la "pear trench" (tranchée en forme de poire). Une trentaine de tanks avaient été réservés pour le secteur du village. Les 43e et 44e bataillons avaient reçu chacun six tanks pour prendre le village. Six tanks accompagnaient aussi les sections de soutien des 43e et 15e bataillons faisant la jonction entre la 11e et la 4e brigade. Encore six autres tanks devaient renforcer ceux entrant dans le village.

Un tank participant aux opérations de nettoyage dans une rue détruite du village, le jour suivant sa capture par les troupes de la 11e brigade australienne. Ce tank a été mis hors de combat peu après par une explosion. AWM E02864©
Les soldats suivaient les blindés aux couleurs de leurs bataillons. Ceux-ci ouvraient des passages dans les barbelés et pouvaient aisément franchir une tranchée. Les tanks et les fantassins s'adaptèrent les uns aux autres. Les fantassins comprirent qu'il n'était pas indispensable de rester groupé derrière les tanks et de se priver ainsi d'un large champ de vision. Au contraire, ils se déployèrent en tirailleurs aux côtés des chars. Ils demandaient aux blindés de concentrer leurs tirs sur certaines positions tenaces voire de les écraser. Certains Allemands se rendirent à l'approche des tanks.

Photographie aérienne prise le 27 avril 1918. L'avion qui prenait ces clichés fut pris en chasse à cet endroit par le célèbre Baron Rouge. Ce dernier accomplissait là son dernier vol, puisqu'il devait être abattu peu après... On voit ici quelques uns des objectifs du 4 juillet. A droite, une partie du Wolfsberg et en bas la partie nord-est de Le Hamel. Le tracé de la 2e ligne allemande est bien net. Remarquez aussi les champs bien visibles. Le terrain est occupé par les Allemands depuis un mois à ce moment (www.ctie.monash.edu.au/hargrave © prêt du Dr Russell Naughton).
Guidés par les fantassins, les Mark V montrèrent qu'ils étaient bien plus mobiles et rapides que les modèles précédents. Les équipages des tanks se réjouirent de voir à quel point les diggers arrivaient à exploiter la présence des tanks. Les Australiens ne se dispensaient pas de combattre du fait des tanks. Dès lors, les hommes du Tank Corps et les diggers se vouèrent une admiration mutuelle. Enfin, les tanks de ravitaillement accomplirent aussi leur mission. Ils acheminèrent du matériel derrière les lignes avancées et ramenèrent des blessés vers l'arrière. Ils épargnèrent ainsi aux soldats des tâches difficiles et périlleuses.

Les moyens déployés par le Corps Australien Les conséquences de la bataille Seulement si le menu de gauche est indisponible !